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Lignes de chœur

TEXTE ÉCRIT ET LU PAR ERIC COSTAN

LE MUR

Tu as vu juste Un peu plus loin ce n'est qu'un mur Il avance avec toi Et Dès que la sagesse du rebours t'effleure Il t'envoie un regret Une tentation Tous les matins tu te détaches Orange Sur un ciel laiteux Et cette course t'épuise Ne touche pas ce mur Fais venir la pluie d'orage

Il passera

TEXTE ÉCRIT ET LU PAR ERIC COSTAN

BOUCHE DORÉE

Certain matin

je viendrai aspirer d'un baiser

La magie de tes lèvres

Ton œil s'ouvrira

Éclair tendre

Je ne lutterai pas

Captif fixé à ta bouche encore endormie

Embrasé

Un soupçon d'éternité sanglera

Le silence balancé de nos cœurs

Le froissement d'un cil

D'un seul

Soufflera tout du jour et des astres

Et je serai serré en moi contre toi

Bambou apaisé

Embrassé

TEXTE ÉCRIT ET LU PAR MARILYNE BERTONCINI

CONSEILS DE SURVIE POUR LE MONDE A L'ENVERS

En nageant jusqu'au bout de ton rêve

tu parviens outre la porte des songes

sous les algues flottantes du sommeil

dans l'aurore de blancs coquillages

Là comme aux tout premiers temps

les choses espèrent d'être dites

et dans l'attente d'un destin

balbutient d'éphémères formes

Tout désordre te lie

aux choses qui s'ébauchent

entravant ton retour

au monde des vivants

TEXTE ÉCRIT PAR FABRICE FARRE

ET LU PAR MARIE-JOSEE LUCARELLI

REEL

La porte s'ouvrira, comme la fenêtre avec le soleil,

vous me donnerez à boire après avoir quitté votre

chambre. Vous me direz, dans le désert de mes

paroles, que je dois mourir de soif. Vous m'aurez

salué au préalable, oui, sans vous inquiéter de ma

présence ou de mon absence et vous m'aimerez

autant que ce qui nous lie l'un à l'autre, à traverser

ainsi les jours de lieu en lieu, de visage en visage,

en parfaits voyageurs désargentés.


in Loin le seuil, ed. de La Crypte, 2017


TEXTE ÉCRIT ET LU PAR SANDA VOICA

LESSIVES

La pluie lessivait la chaussée, gorgeait les caniveaux.

Les souvenirs lessivaient mes tissus, non pas mes molécules…

Science de l’aveugle : témoigner pour ceux

dont la mémoire a lessivé tous les sens.

Sans toi, sans moi : un autre monde,

Plus blanc mais tout aussi impur.

Ou flou.

Le vent lessive les gouttes.

Se retirer dans un chemin de causse.

De chaux.

Chaux vive.

Blanc d’autrefois dans la maison.

Souhaitons la trêve

au nettoyage à sec

que toute absence opère.

De vrai ou en rêve.

Sous la houlette de ma langue

toujours retrouvée

aussitôt perdue.

Trame de mots blancs,

écriture-perles :

lettres arrondies et odorantes.

Tourner l’horizontale jusqu’à la verticale

pour pouvoir les voir.

Fleur de muguet, en ligne,

Est chacune de mes lettres.

Immaculée pensée.

Vie lessivée.

Blanchie à chaux-vive.

Murs, plafonds sans toit.

Lessive perpétuelle

Sous pluie de rubis

Ou de fleurs de muguet.

Transformer la verticale

en horizontale

Pour pouvoir les lire.

20 septembre 2016, 16 h 30

TEXTE ÉCRIT ET LU PAR SANDRINE DAVIN

HORIZONS LOINTAINS

horizons lointains

que seul le vide rapproche –

silence blafard

ricochet sur les murs

d’absence – la nuit est aveugle

TEXTE ÉCRIT ET LU PAR PATRICK PRIGENT

INEXTINGUIBLES LINGES

Inextinguibles linges qui puisez à ma soif des incendies de blanc voici l'eau polychrome par quoi je vous éteins:

un continent de cimes avance inabordé comme une métastase vers un glacier sans ombre

mes bras sont des rivières les écartant je vous offre ma fonte

TEXTE ÉCRIT ET LU PAR MARILYNE BERTONCINI

LA OU TREMBLENT ENCORE DES OMBRES D'UN VERT TENDRE

Là où tremblent encore des ombres d'un vert tendre

Ces mots – au réveil – d'où venus?

Les membranes du sommeil s'effilochent les frondes bougent avec un frisson d'aise

Les souvenirs s'effeuillent aux branches des forêts mortes

Le réel s'insinue sous la peau du sommeil les paupières obstinées et les lèvres fermées

là où tremblent encore des ombres d'un vert tendre

avant l'explosion du plein jour l'essaim bourdonnant des mots l'éclat des cris la mort froide.

TEXTES ÉCRITS ET LUS PAR SOPHIE LAGAL

HUMAINE

Si nos vies

étaient liées

l'une à l'autre,

j'aimerais que l'on ne s'attarde plus

sur le mot : amour

c'est comme la joie qui précède la douleur

le cri avant le silence

la déconvenue de l'âme qui demande sa part

manquante.

A FLEUR DE PEAU

C'est un jour

Où le chagrin se déshabille

Lentement.

Que reste-t-il du désir ?

Une soif amère de baisers

déposés sur les lèvres des vivants.

Je garde le secret des pas que je rencontre.

TEXTE ÉCRIT ET LU PAR ESTELLE FENZY

PERDRE L’ÉTERNITÉ

Perdre l’éternité

Voilà les derniers mots de l’enfance

Est-ce à les prononcer

Qu’on finit de grandir

Je ne sais

s’ils mutilent en passant

le petit visage où séjournait la joie

ou s’ils le fortifient

Le temps se descelle

Son socle tremble

loin de l’appui du rire

Accordons aux murmures

de s’échapper aussi

à nos peaux de s’étendre

loin des chemins appris

TEXTES ÉCRITS ET LUS PAR EVE DE LAUDEC

COMME ÇA

Arrangement composé et joué par MICHEL BONNARGENT

Il y a les journées bleues

Comme ça

Comme la luette à la renverse

Gosier suture

On ne sait quoi ni contre

Ni comment ni pourquoi

Buée un peu froide

Un peu mouillée

Qui remonte la vague

On fait boule hérisson

Blues gris

Pointillé d'amer

Il y a la langue bleue

Comme ça

La langue des mots bleus sucés

Sucés encore recrachés

Bleu venin sur blanc vélin

Qui coule

Comme ça

Aux commissures

Une petite mousse outremare

S’amère

S’amarre au pli rieur

Et l’estompe.

J'AI MILLE SOLEILS

J’ai mille soleils

Tantôt rosé ou ironique

Doux tisserin ou hippocampe

Crinière de lion griffes de chat

J’ai mille soleils apprivoisés

Mais je n’ai qu’une seule lune

Rongée en bas et inondée

TEXTES ÉCRITS ET LUS PAR MARIE-JOSEE DESVIGNES

A L'ABRI DES HOMMES

A l’abri des hommes dans la nudité du verger l’étoffe se resserre le monde sourit le désert n'est pas loin. Dans l'innocence des commencements ils vont, torses nus, dans les cendres, là où se tient le pli du vent. Aux adieux pluriels, se joint le sacre immobile du temps Dans le désordre, la colère des fonds le long des vastes chaînes doux torrent clair de pierres, nuits vétustes incertaines nos yeux fatigués habiteront le ciel nous saurons, dans l’immobilité des chambres, quelles étranges images renferment nos fenêtres icônes du jour au jardin de l’enfance vent de sable cœur de pierre clairières de forges encre foulée au doigt la nuit creuse, ensemence, conduit la sève au verts balancements des arbres

IL Y EUT

Il y eut des jours sans fin, troublants comme des icônes des nuits dans les pierres, heureuses jubilations fugue des corps, explosion de secousse corps mouillés de sueur Il y eut des jours pluie de larmes, chaux brûlante dormant sous la peau longtemps

CECI EST UN CRI

Ceci est un cri une douce transe au­-dessus des collines transfigurées en pardon comme lissées de la main, dans la pudeur d’un corps opprimé. Par endroits, l’ossature étrange (onde blanche), la voix bleuie d’un ange exterminateur. Au bourgeonnement des cimes le jour enfle, l’argile s’épure d’une courbe de marbre les fontaines longtemps taries enflent de nouveau, se soulèvent. Du jardin profond, l’eau fébrile descend. C'est le couronnement des fées, au fond des forêts sombres, La langue âpre s'accomplit en allégresse au milieu des hymnes confondus.

POUR TOUJOURS

Pour toujours fibre charnue chant taillé dans la langue creusement aux sillons de nos cernes œil noir au brûlant de la pierre qui chante venin fragile dans le fendu le cathédral étoile humble ignorante du glorieux si fragile mais dans la perte, clarté vaine rocher parole libérée pierre pérenne immobile

TEXTE ÉCRIT ET LU PAR VINCENT MOTARD-AVARGUES

ENCORE UN DE PASSÉ

Comme tous les ans

cette même flèche

ces regards qui dévient

et on attend oui

on attend la fin de

l’attente ce vieux

cliché éculé du rien

on attend des rires

et des voix et des mains

qui applaudissent on

entend même l’enfant

qui s’émerveille de

rester encore un peu

cet enfant qu’on espère

on voit des cils de neige

qui perlent d’un ailleurs flou

et des petites pluies fuyantes

qui s’évaporent au fur et

à mesure qu’on avance

vers où vers nulle part

allez peu importe va

on sait que c’est du petit

bois de vacuité que les

anges crèvent que le divin

est en pleine décomposition

que l’espoir est une stupidité

et que les rires juvéniles

deviennent des larmes vaines

mais on se laisse griser par

l’optimisme la candeur la

joie simple la vraie joie seule

que rien ni personne ne

peut acheter vendre la joie

nue de l’humain du beau

du brillant même si même si

comme tous les ans on

ne peut ignorer ce qu’on

ignore et ceux qui nous

ignorent et les lames qu’on

coupe au fond des fins

quand pas un mot pas un

son pas de vie pas de sens

et puis on se prend à rêver

à la manière d’un souffle

au temps qui pourrait au

temps qui devrait à ces

promesses qu’on s’était faites

mais que bon voilà quoi

on les tient en murmures de nuit

et puis il faut tirer le rideau

on reste de si piètres acteurs

mon masque allez prends-le

je n’ai plus l’envie du faux

qui me coupe en blé sec

j’ai du sans plein les yeux

et alors et alors rien certes

comme tous les ans je

me perds en conjectures

hasardeuses et ridicules je

n’ai pas le don du juste du

vrai je ne suis pas poète

rien qu’un passeur de mots

aux encres de silences

et je suis ce nombril sans

ventre qui gargouille son

silence dans l’attente de

bruits qui chantent avec

un peu juste un peu juste

ce qu’il faut de simplicité

d’évidence de paix.

TEXTE LU PAR CECILE VIBAREL HADDOU

Le vent agite les sourcils du saule, Le cœur tremble De chaque vallée montent les nuages, Dans le cœur se lève la poussière Inutile de poursuivre les vagues du monde Eveillé, l’homme vrai comprend l’univers

Les Mille Monts de Lune, Poèmes de Corée, présentés par Charles Juliet,calligraphies de Bang Hai Ja, Albin Michel.

TEXTE ÉCRIT ET LU PAR CHRISTOPHE PILARD

VERS LA SOURCE ­ 1 ­ J'ai posé mes doigts Et suivi le fil... Traversées de limons De vasières esquissées au brouillon des songes... J'ai posé mes doigts Dans les eaux sédiments Remontée vers l'amont sur un esquif de tulle... Des eaux remonter le fil Jusqu'au Clair Au Translucide Jusqu'à la Pierre Muette et immobile...

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